LA MUSIQUE EN LETTONIE

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L a naissance de la musique en Lettonie a constitué l'apogée du mouvement national letton au milieu du XIX° siècle. C'était l'époque des prises de consciences et des recherches d'identités nationales partout en Europe. Pendant toute son existence la Lettonie a vécu sous les deux grandes influences culturelles de l'Allemagne et de la Russie.
C'est la tradition allemande de la chorale "Liedertafel" qui a permis au peuple letton de se regrouper hors du contexte familial, hors de la chanson folklorique, et de se distinguer grâce à sa langue et à ses coutumes. Les premiers exemples de musique lettone sont fortement liés à ce mouvement de chorale, mouvement riche en découvertes extraordinaires qui est resté un des plus importants genres musicaux lettons jusqu'à nos jours.
La musique lettonne ne manquait pas de compositeurs de très grande qualité professionnelle de retour de Russie où ils travaillaient dans le système d'éducation musicale supérieur aux conservatoires supérieurs de Saint Pétersbourg et de Moscou, mais où ils avaient su conserver précieusement leur identité lettone.
Pendant une vingtaine d'années, au passage entre les XIX° et XX° siècle, la Lettonie a connu les premières œuvres musicales dans tous les genres existants à cette époque. Ces œuvres étaient fondées sur les mélodies, les harmonies et les rythmes spécifiques du folklore letton, et en même temps développaient le principe du romantisme décoratif et dramatique, et de l'impressionnisme émergeant à la fin du XIX° siècle. Ce sera la caractéristique de la culture lettonne pour toujours : être en liaison avec son temps, même aux périodes les plus noires des fermetures et interdictions de l'époque soviétique.
L'indépendance politique en 1919 a permis spontanément une grande effervescence culturelle en Lettonie. Jusqu'à l'invasion de l'Armée Rouge en 1940, le pays a connu une période productive extrêmement intense et riche en évènements :
- ouverture du conservatoire supérieur national qui très vite a donné des générations de musiciens talentueux,
- création de plusieurs orchestres symphoniques, de chorales philharmoniques,
- l'éclosion de vedettes d'opéra, de ballet, d'opérette, dans la chanson …
D'une part, n'oublions pas que tous ces musiciens expérimentés, revenus en Lettonie, gardaient des contacts personnels avec les personnes emblématiques de cette époque, ce qui permit de maintenir un très haut niveau culturel dans ce minuscule pays. D'autre part Riga, la capitale, est devenue le lieu de résidence de milliers d'exilés russes parmi lesquels il y avait d'éminents représentants de la culture russe : Anna Pavlova, Fjodor Chalapine, Anatole Chérépnine et bien d'autres.

Après la seconde guerre mondiale, la culture lettonne a été tragiquement divisée. Beaucoup de créateurs sont partis en exil et ont continué à travailler à l'étranger pour leur culture. Aujourd'hui la Lettonie reconnaît ces œuvres d'Australie, d'Allemagne, du Canada, de Suède et les inscrit dans l'histoire du pays. Ceux qui sont restés sous l'occupation soviétique devaient mener une double vie. Il y eut de multiples œuvres tribut à l'idéologie permettant de survivre sous la pression communiste, et d'autres œuvres pour "l'âme", suivant une expression lettonne. Ce sont ces dernières qui permirent de ne pas perdre la résonance du temps, et de rebondir à l'époque du printemps de Kroutchev. A partir de ce moment, la musique lettone retrouva sa liberté et une vaste diversité. Les compositeurs de toutes les générations travaillèrent avec une grande ferveur et grâce au soutien du public, car la culture et donc la musique, est devenue encore une fois un moyen fort pour garder l'identité nationale.
Il n'est pas possible dans la limite de ce petit commentaire de décrire toute la diversité des noms, des styles, des genres de la musique lettonne, je vais donc me limiter à quelques exemples pittoresques.
Chostakovitch, qui mérite le titre de plus grand symphoniste du XX° siècle, était un ami proche de Janis Ivanovs (1906-1983). Dès leurs jeunesses ils ont créé un jeu concours "qui va écrire le plus grand nombre de symphonies ?". Ivanovs en a écrit vingt et une et c'est le record du XX° siècle. Le même Ivanovs a créé un langage musical si individuel qu'il permit d'ouvrir la discussion sur les nouveaux systèmes musicaux dans la musique lettonne.
Au moment de la crise de la symphonie, les compositeurs lettons travaillèrent pour en renouveler le genre. Ils transférèrent avec succès les principes de la symphonie dans de nouveaux domaines, par exemple dans la chorale à cappella ( P. Plakidis, J. Karlsons ) ou introduirent dans la symphonie des éléments étrangers, par exemple rock dans un contexte néoclassique (J. Kalnins ).
Les tendances les plus radicales du XX° siècle sont largement présentes dans la musique lettonne mais elles n'y ont jamais obtenu des valeurs pures, absolues. Au contraire elles ont servi d'une part à élargir, enrichir la palette d'expression musicale, d'autre part à encourager les recherches de nouveaux mélanges stylistiques : la polyphonie sur la base du minimalisme (G. Pelecis ), la "sonique" dans le contexte de l'art renaissance ( P. Dambis ), les éléments satyriques et grotesques dans le genre folklorique ( R. Kalsons ), le principe sériel avec une interprétation néo-romantique ( R. Kalsons ).
Après la chute de l'Union Soviétique, la musique lettonne commença à être connue en Europe. Pétéris Vasks ( 1946 ) est le compositeur qui a édité le plus grand nombre de CD (27). Pétéris Plakidis ( 1947 ) est célèbre avec son charmant humour dans le contexte néoclassique, par exemple son trio "en commémoration de Haydn" pour flûte, violoncelle et piano. D'ailleurs il était le compositeur letton le plus édité en Russie. L'édition française Ledys a édité une œuvre de Maïa Einfelde ( 1939 ) "Conte d'hiver" pour violoncelle et piano. Les multiples chorales lettonnes qui participent aux festivals musicaux européens font connaître la diversité des œuvres des compositeurs déjà cités, et aussi des jeunes compositeurs comme R. Dubra ( 1964 ), A. Vécumnieks ( 1962 ), S. Mence ( 1953 ) et bien d'autres.

On peut trouver des informations sur le site: www.music.lv

Natalija FAURE

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